Si l’éducation et la prévention routières étaient devenues notre premier terrain de prédilection pour tenter de juguler l’insécurité sur la route, ces 10 dernières années nous nous sommes rangés à l’idée d’interroger le champ scientifique de la psychologie du conducteur. En effet, nous pensons que la psychologie est capable de traiter avec efficacité les dysfonctionnements du système routier selon des dimensions plurielles qui s’articulent autour du triptyque véhicule-conducteur-infrastructure.
Ainsi, avec le concours d’associations de sécurité routière, et du ministère de la justice notre première approche, dans une étude doctorale, a été de dresser des profils psychologiques de conducteurs selon le sexe, la classe sociale, et les infractions graves au code de la route. Nous savons maintenant que les femmes gèrent mieux le risque routier, et que les cadres sont souvent imprudents. Nous savons aussi que l’alcool et la drogue au volant doivent être traités prioritairement sous l’angle médical, et que la grande vitesse conduit souvent à l’accident très grave. Il appert également que notre dispositif sanction-répression ne donne pas toute satisfaction.
Dans la poursuite de nos travaux, il apparaît nettement que le stress est devenu un facteur majeur d’insécurité qui trouve, à des degrés variables, une résonnance chez tout conducteur en prise avec la complexité de la conduite automobile. Face à une difficulté de circulation dans l’espace social routier, ou dans la gestion du déplacement du véhicule, ou encore dans les changements positifs ou négatifs de sa propre vie, le stress routier se manifeste : il est un bon ou un mauvais compagnon avec lequel il faut composer pour éviter le pire !
Avec un collège d’experts, nous avons observé des conducteurs dans des situations de conduite variées quant aux conditions de circulation, et à la structuration des réseaux, en plaçant sur eux des capteurs GPS de fréquence cardiaque afin de déterminer des seuils d’exposition au stress. Globalement nous avons recensé 18 situations stressantes du type agressivité, conduite en ville, mauvaise conditions météo, radars, etc.
Nous avons réalisé une échelle de stress routier qui prend en compte 4 facteurs déterminants relativement à la personnalité au volant, à l’état de santé, à l’environnement de conduite, aux évènements sociaux, et aux éléments perturbateurs. Selon un code couleur associé au niveau de stress nous avons segmenté notre échelle de stress routier selon 4 profils psycho-stressants du VERT (stress routier faible), au NOIR (stress routier très important).
Pour finir, nous avons développé un ensemble d’exercices de détente-relaxation en relation avec chaque situation stressante.